L'intelligence artificielle est-elle de bon conseil en gestion de patrimoine ?

Publié le
7/4/2025

L'intelligence artificielle est-elle de bon conseil en gestion de patrimoine ?

Pour commencer, l’intelligence artificielle (IA) a fait son entrée dans le monde de la finance avec des promesses de rapidité, d’efficacité et d’accessibilité. ChatGPT, Gemini (ex-Bard) et autres assistants IA peuvent expliquer des concepts complexes, résumer des réglementations fiscales ou comparer des produits d’investissement. Pourtant, lorsqu’il s’agit de conseils financiers personnalisés – que ce soit en gestion de patrimoine, en fiscalité ou en planification successorale –, l’IA montre rapidement ses limites.

De nombreuses études et retours d’expérience démontrent que, malgré ses avancées, l’IA ne peut pas appréhender la complexité d’une situation individuelle. Pis encore, elle commet des erreurs factuelles, donne des conseils fiscaux obsolètes et ne détecte pas les incohérences dans les objectifs d’un investisseur.

Alors, peut-on vraiment faire confiance à l’IA pour gérer son patrimoine ? Ou faut-il toujours s’appuyer sur un conseiller financier humain pour prendre les bonnes décisions ?

L’IA : un assistant précieux, mais un conseiller dangereux

Une excellente base de connaissances… mais sans contextualisation

L’IA est performante pour :

  • Expliquer des mécanismes financiers (ex : fonctionnement d’un PER, imposition des dividendes).
  • Fournir des données historiques (performance des marchés, évolution des taux).
  • Comparer des produits standardisés (fonds indiciels, assurances-vie).

Mais elle échoue sur la personnalisation. Un conseil financier pertinent nécessite :


Une analyse globale (patrimoine, dettes, projets familiaux, horizon de placement).
Une adaptation aux évolutions législatives (la fiscalité change chaque année).
Une remise en question des objectifs du client (par exemple : vouloir un rendement élevé tout en refusant tout risque).

Exemple concret :

Un client demande à une IA comment optimiser sa succession. S’il omet de mentionner un bien immobilier à l’étranger, l’IA ne posera pas de question et donnera un conseil incomplet, voire erroné. Un conseiller humain, lui, creusera pour identifier toutes les spécificités du dossier.

Des erreurs fréquentes en fiscalité et en calculs financiers

Plusieurs tests ont révélé des approximations préoccupantes dans les réponses des IA :

🔴 Erreurs sur les frais de succession (abattements mal appliqués, droits de donation sous-estimés).
🔴 Conseils fiscaux obsolètes (certaines IA utilisent des barèmes non actualisés).
🔴 Méconnaissance des subtilités locales (régimes spéciaux dans certaines régions, conventions internationales).

Étude de cas :
En 2023, des chercheurs de l’Université de Floride ont testé ChatGPT sur des questions de planification successorale aux États-Unis. Résultat ? 72% des réponses contenaient des inexactitudes, notamment sur les exemptions fiscales et les trusts (Source : "AI and Estate Planning: How Reliable Is ChatGPT?" – 2023).

En France, des tests similaires menés par des CGP (Conseillers en Gestion de Patrimoine) ont montré que l’IA se trompait fréquemment sur :

  • Le calcul de la plus-value immobilière (abattement pour durée de détention).
  • L’optimisation de l’IFI (Impôt sur la Fortune Immobilière).
  • Les règles des assurances-vie (date des versements, fiscalité des bénéficiaires).

Pourquoi un conseiller humain reste indispensable

L’IA ne remplace pas le dialogue et l’intuition professionnelle

Un Conseiller en Investissement Financier (CIF) ou un expert en gestion de patrimoine apporte :
Une écoute active pour comprendre les besoins réels (parfois non exprimés).
Une capacité à challenger les objectifs ("Voulez-vous vraiment prendre ce risque ?").
Une veille réglementaire rigoureuse (les lois changent, l’IA ne suit pas toujours).

Exemple : Un client souhaite investir en SCPI pour diversifier son patrimoine. L’IA lui recommandera des fonds en fonction de critères généraux (rendement, fiscalité). Mais un conseiller humain vérifiera :

  • La liquidité du placement (besoin d’argent à court terme ?).
  • La cohérence avec le reste du portefeuille (trop d’immobilier déjà ?).
  • Les conséquences fiscales (impact sur l’IFI, imposition des loyers).

Les risques juridiques et le manque de responsabilité

Contrairement à un conseiller certifié (CIF, CGP, expert-comptable), l’IA :


🚫 N’est pas tenue responsable en cas de mauvais conseil.
🚫 Ne s’adapte pas aux jurisprudences récentes (une réponse valable en 2022 peut être fausse en 2024).
🚫 Ne garantit pas la confidentialité (les données partagées peuvent être utilisées pour entraîner les modèles).

Rappel juridique :


En France, le conseil financier personnalisé est une activité réglementée (ordonnance AMF). Un professionnel engage sa responsabilité civile et pénale en cas d’erreur. L’IA, elle, n’a aucune obligation légale.

Conclusion : l’IA comme Assistant, jamais comme conseiller

L’intelligence artificielle est un outil formidable pour la recherche et l’éducation financière, mais elle ne remplacera jamais :


🔹 L’expertise terrain d’un conseiller expérimenté.
🔹 L’analyse sur-mesure d’une situation individuelle.
🔹 La relation de confiance indispensable en gestion de patrimoine.

Notre recommandation :


Utilisez l’IA pour vous informer (comprendre un produit, vérifier une notion fiscale).
Consultez un professionnel humain pour toute décision engageant votre patrimoine.

"Un algorithme ne vous demandera jamais : 'Quel est votre projet de vie ?' – Un bon conseiller, si."

Sources & Références :

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